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Désirs d'Avenir des Vals de Saintonge

Blog de soutien à Ségolène ROYAL, Présidente de la région Poitou-Charentes.

Danse avec le siècle, Stéphane Hessel

Publié le 13 Août 2012 par Daniel GIAT in Actualité


12 Août 2012 Par Dianne

Stéphane HESSEL est né en 1917 à Berlin dans une famille d'origine juive, luthérienne convertie. De parents non-conformistes qu'il décrit avec tendresse et respect, parfois avec ironie. Parents qui, ayant choisi la France,  ont suffisamment alimenté les fantasmes de leur siècle pour devenir prétextes à création littéraire et cinématographique (pour l'esprit à défaut de la lettre). Armé d'une foi indestructible en un possible meilleur à venir, il a crapahuté d'un bout à l'autre de la planète pour occuper, au mieux de l'intérêt général, les 50 ans de rab' qu'il considère avoir reçus en sortant du camp de Dora. Stéphane Hessel est un jeune homme érudit et malicieux qui aura constamment mis son talent au service de la recherche d'un monde plus paisible.

Lorsqu'il écrit "Danse avec le siècle" entre 1995-96, c'est sur l'amicale pression de Régis Debray qui souhaite à juste titre recueillir son irremplaçable expérience de témoin de premier plan. Il dit avec humour qu'il aura duré plus longtemps que l'Union Soviétique et c'est vrai ! Découvrir en l'écoutant (littéralement : comment ne pas l'entendre en le lisant, véhément et persuasif ?) sa traversée du vivant a quelque chose de roboratif. On se sent mieux après. Indiscutablement. Ne serait-ce que par l'incroyable énergie que l'on reçoit à le suivre.

Il ne pensait pas que le rab' aurait... du rab'. Il a désormais bientôt 95 ans. Et il a composé pour l'édition de poche de son livre une préface actualisée où il est question d'indignation et d'engagement, évidemment.

Bien loin du sectarisme habituel en certaines sphères militantes, il porte sur ses contemporains un regard jamais empreint de mépris. Ses rares emportements ne concernent que quelque malotru insupportablement agressif. Ses vraies colères sont ailleurs : lorsque ceux qui prétendent incarner la gauche manquent  à leurs devoirs, par exemple.

Une constante : la lucidité. Il ne se la joue pas grandissime icône. Dans un échange avec un journaliste suisse* il dit en riant : "Ma femme continue à me présenter comme un faux-monnayeur. Elle a raison, je risquerais sinon de me prendre pour quelqu'un" **. En tous cas, sa voix indispensable continue à questionner le siècle d'après : "Nos sociétés connaîtront-elles une nouvelle aube ou un crépuscule définitif ? Je suis heureux de pouvoir encore, si brèves soient les heures qui me restent, continuer à y réfléchir."

Y réfléchir, armé de sa prodigieuse mémoire, qui stocke un nombre incroyable de poésies immédiatement disponibles... en français, en anglais, en allemand... La recette de longévité ? On est tenté de le croire. Il a d'ailleurs publié "Ô ma mémoire. La poésie, ma nécessité". Edité en allemand par le fils de l'homme qui lui évita la pendaison à Buchenwald.

"Je parlerai donc de ma chance, non pour éblouir le lecteur, mais pour souligner la gravité des périls auxquels j'ai échappé" Et de fait, on n'en connaît pas la moitié.

Son hommage le plus appuyé ? A Pierre Mendès-France : "J'avais vingt cinq ans quand j'ai fait sa connaissance à Londres, j'en avais soixante-cinq quand il est mort. Entre ces deux dates, j'ai le sentiment qu'il a été présent à chaque étape de ma vie et que l'admiration qu'il m'inspirait a pris toutes les couleurs du spectre."

Sa fierté ? Avoir été élevé à la dignité d'Ambassadeur de France. Lui, né Allemand en pleine conflagration mondiale. Il se définit d'ailleurs comme un médiateur. Sans illusions excessives mais sans désespoir non plus :

"L'expérience des "sans-papiers" de Saint-Bernard confirme les relations que j'ai éprouvées toute ma vie entre la médiation, son échec et sa résurgence. Quelque part en moi le médiateur ne renonce jamais. L'espoir qu'il a suscité peut subir des éclipses. Certaines peuvent durer dix jours, dix ans, un siècle. Mais pendant cette éclipse d'autres espoirs prennent corps, qui vont plus loin que l'espoir provisoirement évanoui. Et c'est mon choix le plus existentiel que de rester le messager de ces nouveaux équilibres..../... Il n'y pas de médiation réussie. Mais chacune, par son échec même, ouvre la voie à une autre, plus large, qui va échouer à son tour. C'est par leur enchaînement inlassable que s'écrit l'histoire courageuse de notre espèce."

Un constant bonheur de lecture et un motif pour ne pas baisser les bras. A vous !

*http://www.youtube.com/watch?v=EQH-MN94wfU

Source:http://www.mediapart.fr/

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