Par Belle-Amie
Avec ce premier gouvernement Ayrault, le Président François Hollande réussit un pari difficile. Donner à la France et à la gauche, un gouvernement dont elle peut être fière, qui autorise tous les espoirs et qui en même temps consolide et renforce son autorité politique.
Sous le vernis de la synthèse, il y a dans la
formation de ce gouvernement de l’audace. D’abord celle des premières promesses tenues. Une vraie parité, renouvellement générationnel, une proximité avec la présence d’élues et
d’élus de terrain, venant des quatre coins de la France et de toutes origines. Quel symbole magnifique notamment de confiance à la jeunesse que de nommer Najat Vallaud-Belkacem, benjamine
du gouvernement à 34 ans, au Ministère du Droit des Femmes et comme porte-parole du gouvernement.
De l’audace. C’est d’ailleurs le mot qu’utilise ce matin, Arnaud Montebourg pour évoquer son action future à la tête de
ce ministère du Redressement Productif, avec pour mission de celle de réussir la “reconquête” des emplois industriels, rappelant que la France avait perdu en dix ans “750 000 emplois industriels et 900 usines“.
De l’audace, il en faudra pour convaincre les Français, tous les Français que la politique peut enfin les aider à surmonter leurs difficultés quotidienne. Pour les convaincre qu’elle peut les aider de nouveau à accomplir de grandes choses en ensemble, comme la gauche l’a toujours fait dans l’Histoire de ce pays. Ce que n’a cessé de rappeler François Hollande, au cours de cette campagne, en se plaçant dans une perspective historique, dans les pas des grands anciens.
Au delà de l’espoir, on peut admirer le sens politique et stratégique de François Hollande. Le Président de la République a un besoin vital de se donner les moyens de gouverner, d’avoir le pouvoir réel sans lequel il ne serait que représentation. Il lui faut d’abord obtenir une majorité belle et franche. Ce gouvernement renouvelé, de proximité et qui ressemble à la France va l’aider à gagner les élections législatives. Il rassure d’abord la droite et les “centristes humanistes” avec la nomination de Pierre Moscovici à l’Economie et aux Finances, de Jérôme Cahuzac au Budget ou encore de Manuel Valls à l’Intérieur. Il reconnaît aussi la prééminence des thèmes soulevés par la gauche du Parti Socialiste et le Front de Gauche pendant la campagne présidentielle en donnant un ministère important à Arnaud Montebourg, d’autant plus important que les plans sociaux sont en préparation depuis des mois. Mais aussi en nommant plusieurs ministres proches de Ségolène Royal comme en désignant Laurent Fabius et Bernard Cazeneuze, tenants du Non au traité constitutionnel européen, respectivement les ministères de Affaires Etrangères et les Affaires Européennes.
Mais il y a l’après-législatives. Et là, François Hollande est en passe de réussir un tour de force, celui de desserrer l’étau qui risquait de se mettre en place autour de sa présidence, une menace pesant à terme son autorité. Une présidence “cernée” par une Assemblée Nationale acquise à Laurent Fabius et Martine Aubry et un Parti Socialiste où le pouvoir est aussi entre les mains de l’ancienne ministre de Lionel Jospin, voilà qui aurait pu présager bien des difficultés. François Hollande n’a eu de cesse de promettre le rassemblement. Il y parvient quand bien même Martine Aubry n’entre pas au gouvernement. En ne la nommant pas premier ministre mais en faisant entrer au gouvernement nombre des proches de Martine Aubry et en premier lieu Marylise Lebranchu à la Réforme de l’Etat et à la Décentralisation et François Lamy, chargé de la Ville mais aussi Benoît Hamon, chargé de l’Economie sociale et solidaire, François Hollande se met en bonne position d’obtenir cette majorité “large, solide et loyale” qu’il appelait de ses voeux.
Reste à convaincre les Français qui doivent voter à nouveau et désigner les députés qui 5 années durant, contrôleront ce gouvernement et surtout vont donner corps et force de loi à cette ambition historique pour la Nation que porte François Hollande et avec lui toute la gauche.