Ces serpents qui sifflent sur nos têtesby zeredac |
Par Dante
Oserai je le dire ? Je le regrette.
Nous n'avons pas écrit depuis les législatives. Nous observions la gauche faire ses premiers pas au pouvoir.
Parfois maladroite, toujours sincère.
Nous avons observé l'évolution lente des éditorialistes, cette presse qui encense et lynche lorsque l'ogre veut manger et qu'il n'a pas sa livre de
chair.
Nous avons observé les erreurs de débutants, les calages, les crises d'ego aussi de quelques uns, autant liées à leur propre angoisse qu'à leur
inexpérience.
Nous avons vu la tour lentement s'affaisser, sous les coups de griffes des sondeurs, des plumes au vitriol, des unes hypertrophiées et des critiques souvent
caricaturales.
Et sans donner une absolution totale à ce pouvoir neuf qui récolte des années d'indigence, et d'aveuglement de la droite , sans vouloir tout excuser, il est des
comportements parfaitement inexcusables.
La politique, c'est l'attitude, ce sont les mots que l'on choisit les gestes que l'on fait, les décisions que l'on prend.
Et depuis quelques jours, le champ lexical et la geste politique nous laisse un goût de cendres.
Ne comptez pas sur moi pour vous resservir les tartes à la crèmes actuelles , qu'il s'agisse d'appeler à la rescousse Roosevelt ou de démontrer , dans
un raccourci dangereux, le parallèle avec les années 30. Comparaison n'est pas raison.
Je dirais simplement à ceux qui se livrent à ce type de raccourci ou de convocation des grands anciens, qu'ils ne réfléchissent plus suffisamment pour pouvoir
inventer la gauche de demain, ce socialisme du 21ème siècle que personne n'a encore défini. Ils préfèrent se réfugier dans un passé glorieux ou tellement anxiogène qu'il ne nous permet
plus de sortir de cette dépression collective, nous enveloppant comme un mauvais brouillard.
Mais si nous souffrions uniquement de cette pensée à courte vue, ce serait un moindre mal.
Malheureusement, nous avons basculé dans l'hystérie du débat politique. Et dans une violence sourde, prégnante, qui envahit tout notre espace mental. Pas un
papier, pas une image, pas un son sans entendre, voir, lire, les outrances verbales : on se traite de salopard, d'antisémite, de vendu, de traitre. On enfourche des mauvais
chevaux, on fait se lever des vents intérieurs que personne, un jour , ne sera en mesure de calmer.
Un prurit infantile qui ne crée aucune valeur, si ce n'est creuser un peu plus encore la tombe de la parole politique .
Mais ma colère s'adresse surtout à cette droite qui peu a peu, glisse vers ce qu'elle a, de plus brutal, de plus radical . Ces nouvelles formes de
militantisme, quelque part entre le vieil RPR et l'Opus Dei.
Les mots sont durs, les comportements quasiment déviants. Comment peut on,quand on est un homme d'état, que l'on a exercé les plus hautes
fonctions, parler ainsi de la justice, stigmatiser ainsi des magistrats ? Comment peut on , lorsqu'on à fait partie de l'équipe qui a dirigé ce pays, parler d'enfants gazés dans la
manifestation anti mariage pour tous ? Oui, Manuel Valls à eu raison de dire que certains mots ne peuvent pas être prononcés. Oui, certains mots ont une résonance qui n'a pas sa place dans le
débat public.
Cette droite qui choisit désormais la stratégie du harcèlement, bouscule systématiquement Najat Vallaud-Belkacem , Christiane Taubira, à toutes leurs sorties
publiques ? Cette droite qui manie dangereusement les mots, volontairement, sciemment, pour tendre le débat, le rendre irrespirable, abîmer, salir. Cette droite qui finit par être mordue aux
mollets dans une législatives partielle par un front national qui n'a plus qu'à se baisser pour ramasser... Ce qu'il restera.
Pauvre droite aveugle, pauvre Nicolas Sarkozy qui vit dans l'illusion : celle de se poser une nouvelle fois, en 2017 comme en 2007 , en barrage ultime contre un FN qu'il a lui même contribue à faire , croître et embellir . Car c'est bien la le calcul secret de l'ancien chef de l'état et si l'on en croit les sondages, cette posture d'éternelle victime fonctionne bien dans un pays déboussolé, dépressif, angoissé . Un pays qui vit au rythme des fermetures d'usine, de baisse du pouvoir d'achat, de hausse du chômage, de petite délinquance au quotidien. Un pays qui pour la première fois de sa vie, à vu de ses yeux vu, des distributeurs bancaires qui, dans une petite île perdue de la Méditerranée, ne distribuent plus de billets. La crise, concrète, palpable, matérialisée, à nos portes. Et ça n'est quand même pas le gouvernement socialiste qui est responsable d'une telle dégradation qui semble ouvrir le droit à une élite de dégrader son langage et son attitude.
C'est absolument irresponsable car, contrairement à ce qu'affirment tous les politologues, il y a certes une défiance face à la parole politique mais en aucun cas une défiance sur la fonction politique. Et lorsqu'un responsable politique s'exprime, il a du poids, sa voix porte et chacun devrait s'en souvenir avant de raconter n'importe quoi, de chauffer les esprits, de vomir sur les juges et d'appeler s une révolution qui ne se fera pas. Car le peuple est fatigué, veut simplement que l'on prenne soin de lui, qu'on l'aide à construire sa vie. Une vie la plus heureuse possible. Quand le comprendront-ils ? C'est pourtant simple. Un responsable, c'est une personne qui répond. Un irresponsable ne répond pas. Il soulève des questions qu'il ne peut pas résoudre, lance des mots comme on tire des flèches empoisonnées sans jamais offrir le contre poison.
Il est temps que cela s'arrête. Il est temps que ceux qui critiquent ouvertement, comme ceux qui critiquent en silence, se taisent, boudent,
et commentent sur le banc de touche, se réveillent, vibrent à nouveau de ce qui les a fait vibrer lorsqu'ils furent de jeunes députés, de jeunes responsables, se revitalisent, retrouvent cette
fraîcheur du premier mandat, quand le sens de la mission était plus fort que la couleur de l'image et des éléments de langage.
Réveillez-vous, cessez de critiquer, retroussez vous les manches, venez jouer avec l'équipe même si vous la considérez comme médiocre.
Nous avons besoin d’élus, de responsables publics, non pas qui s'engagent mais qui se réengagent, se réinventent, se réenchantent.
Nous sommes prêts, les gens attendent cela. Nous leur devons. Tout simplement.