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Désirs d'Avenir des Vals de Saintonge

Blog de soutien à Ségolène ROYAL, Présidente de la région Poitou-Charentes.

LE CHEMIN DE L'ESPÉRANCE DE STÉPHANE HESSEL ET EDGAR MORIN

Publié le 4 Février 2012 par Daniel GIAT in Presse

edgar-Morinhessel_blog.jpgOuvrage deStéphane Hessel et Edgar Morin

…Un chemin...pavé de bonnes intentions ?

C’est un petit opuscule, à 5 €, publié chez Fayard en octobre 2011. On ne peut qu’être admiratif de l’énergie et de la détermination de ces deux grands vieillards qui se remettent sans cesse à l’ouvrage au lieu de se contenter du repos mérité à leur âge, après une longue vie marquée de tant et tant de succès divers.


Ils énoncent puis dénoncent les maux et dangers de nos sociétés de ce début de siècle. Et leur analyse, lucide, est particulièrement sévère, pessimiste pourrait-on écrire.

 

Seuls s’en étonneront les naïfs mais aussi les privilégiés et nantis tellement installés dans leur bonne conscience et leur confort que certains ne savent plus regarder ce qui se passe autour d’eux. S. Hessel et E. Morin savent eux, à quel point sont graves, « …la dégradation de la biosphère, le déchaînement de conflits ethno-religieux,… la tyrannie de l’argent, la conjonction d’une barbarie venue du fond des âges et de la barbarie glacée propre au calcul technique et économique »…

Et ils s’efforcent de proposer les transformations dont nos sociétés ont, selon eux, un urgent besoin. Ils s’adressent particulièrement à nous Français et présentent les voies qui nous permettraient de jouer un rôle positif à la mesure de ce qu’ils pensent être la vocation de notre pays.

Essayons ci-dessous de dire quelles sont les grandes orientations de leur « chemin d’espérance ».

 

Agir pour un nouveau mode de développement compatible avec les équilibres de la biosphère et  multiplier les services qui renforcent les liens, plutôt que la consommation matérielle qui épuise les ressources naturelles.

 

Bâtir une Europe unie et autonome dont le grand dessein serait d’œuvrer à une symbiose des civilisations, à la synthèse de ce qu’il y a de meilleur de toutes les civilisations de façon à refouler l’idée d’une guerre des civilisations.

 

Aller peu à peu vers une nécessaire gouvernance mondiale qui « créerait des instances planétaires de décisions pour les problèmes vitaux ».

 

Passer à une politique du « bien-vivre » marquée par la qualité des relations humaines, la lutte contre les bureaucraties publiques et privées proliférantes, l’épanouissement des autonomies. Contre l’hégémonie du calcul, de l’avoir, de la quantité, promouvoir la qualité de la vie et lutter contre toutes les dégradations (eau ; air ; santé, climat…)

 

Revitaliser la solidarité. Pour les deux auteurs cela va très loin. Puisque les structures rigides et autoritaires des familles d’autrefois qui offraient à la fois sécurité morale et affective et  discipline de vie, ont disparu, il faut leur substituer des solidarités de proximité, non bureaucratiques, attentives, à l’écoute, propres à pallier des carences graves, subvenir à l’aide urgente, psychologique ou morale…Le mot « Fraternité » et l’expression « maisons de la fraternité » viennent alors sous leur plume.

 

Encourager le passage à une agriculture biologique et de proximité.

 

Lutter contre toutes les formes de corruption

 

Aller vers  une économie plurielle, c’est-à-dire une économie où les secteurs des coopératives, de l’économie sociale, de l’économie « verte », du commerce équitable seraient encouragés par des mesures fiscales et l’action d’un État devenu « investisseur social »

 

Lutter contre les inégalités. Institution d’un  Conseil permanent de lutte contre les inégalités qui s’attaquerait « en premier lieu aux excès et insuffisances »…élever les plus bas et abaisser les plus hauts !

 

Il va de soi qu’ils n’oublient pas les profondes transformations nécessaires dans l’enseignement de façon que les jeunes soient réellement préparés à comprendre le monde et ses problèmes comme un tout et non à l’étudier de façon fragmentée et hyperspécialisée.

 

Pour Stéphane Hessel et Edgar Morin, ce petit livre est un appel à une véritable « régénération ». Et rien ne se fera si on n’entreprend pas de « juguler la pieuvre du capitalisme financier et la barbarie de la purification nationale » et cela demande une réforme efficiente de l’enseignement, une pensée complexe capable « de voir l’ensemble des caractères divers ou ambivalents d’un même phénomène, d’une même population, d’une même personne y compris soi-même »

 

Henricles trouverait opportun que de nombreux citoyens, de tous milieux, lisent ce petit ouvrage, notamment candidats aux élections diverses, élus, décideurs et cadres du public comme du privé. Ils y auraient de quoi alimenter leur réflexion.

 

Et pourtant ce livre laisse aussi l’impression d’une suite de vœux pieux, dans la mesure où les auteurs ne parlent pas des moyens, des méthodes propres à atteindre les buts dont ils parlent. Ils ne font jamais la moindre allusion à toutes les forteresses de conservatisme et de privilèges qu’il faudrait renverser sur leur « chemin d’espérance » ! Seule, mais c’est dans l’air du temps, la sphère débridée de la finance est montrée du doigt.

Écrit en 2011, l’ouvrage ignore complètement la grave crise économique et financière immédiate. La « crise » qu’ils dénoncent, est crise de civilisation, mais à celle-ci s’ajoute une très grave crise conjoncturelle de surendettement public (et aussi privé dans certains cas), de chômage massif, de baisse du pouvoir d’achat de beaucoup.

 

Et des solutions doivent être trouvées à court terme.

 

Et dans ce contexte, il manque le chaînon par lequel ils auraient relié leur « projet » à la situation. Il manque le « hic et nunc ».

 

De magnifiques propos ( par exemple : « la forme suprême de la reconnaissance d’autrui est l’amour ») mais qui sembleront à beaucoup loin des réalités vécues et plus utopiques que réalistes.

Ils font une impasse complète sur les inévitables situations concurrentielles et conflictuelles que rencontrent, à tous les niveaux, tous les acteurs sociaux.

 

Bref, nous voudrions bien emprunter le chemin tracé mais où le trouver ? Comment ?  Quelle clé nous ouvrira les portes cadenassées qui y conduisent ?

 

Mais il est vrai, Thomas More au XVI° siècle le savait déjà, nous avons besoin d’utopie !

 

Henricles. Les Merisiers. 04 02 2012

Source: http://desirsdavenir86.over-blog.com/

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